[4 Avril 1873] Chez Moire Delarche, en soirée

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Matiana avait accompagné le voleur au poste de police. Voir une vagabonde suspendre ainsi par le cou ce qui ressemblait à un honnête citoyen avait créé un certain remue-ménage au poste. Elle n'avait pas laissé le temps au voleur de s'expliquer et avait raconté son aventure aux policiers. Malgré leur certain racisme envers les mendiants, ils l'écoutèrent attentivement. Mattie leur confia l'adresse de Moire, car ils avaient besoin d'un témoin. Le gamin fut impitoyablement placé derrière les barreaux. Ils se débattait beaucoup, et en attrapant son bras, l'un des policiers nota un tatouage sur son poignet.

- Membre de la Lice des Voleurs, hein ? Pas si innocent que ça, le gaillard... Tu es bon pour trois jours de prison !
- La Lice des Voleurs ? demanda Mattie.
- Une espèce de bande qui vole les objets rares et précieux dans Paris. A votre place, je ferais expertiser votre bracelet, mademoiselle...
- Merci.

Elle salua les policiers et repartit en direction de l'appartement de Moire. Elle sortit la clé que lui avait gentiment confiée sa logeuse. Moire n'avait qu'un détour à faire par l'université, qui ne prendrait pas trop de temps. Elle fit chauffer du thé, poussa la servante de la cuisine et prépara quelques petits gâteaux de "chez elle" en guide d'apéritif.
Puis elle se posa sur un fauteuil avec un bon livre en attendant Moire. Elle avait un tas de choses à lui raconter.

[HRP]Désolée pour le retard, j'avais poney [/]

Moire s'arrêta avec un soupir de soulagement devant la grande porte cochère de l'hôtel particulier dans lequel elle et Matiana logeaient. Elle actionna le heurtoir, deux fois, comme à son habitude. Sa domestique vint ouvrir la porte, et une odeur de pâtisserie embauma l'air quelques instants, accompagnée de celle du thé. Moire entra dans le grand hall et put enfin déposer Von Moltke au sol. Le félin fila directement vers la cuisine, dont l'entrée se dissimulait au bout d'un couloir dérobé. Moire le suivit et découvrit presque sans surprise sa colocataire qui attendait que cuisent ses gâteaux. Cette lubie de Matiana l'avait surprise au début de leur cohabitation (elle même ne savait que faire de ses dix doigts en matière de cuisine, la tâche étant inhérente aux domestiques), et même si elle commençait à s'y faire, savoir que la jeune femme remplaçait parfois sa domestique la gênait un peu.

"Que nous as-tu préparé aujourd'hui ?" demanda-t-elle, plus pour signaler sa présence qu'autre chose. Elle s'assit nonchalamment sur une chaise basculante, qui occupait un des coins de la pièce.

Mattie abaissa son livre en entendant la clé de sa logeuse jouer dans la serrure. Comme d'habitude, malgré leur aventure dans le tramway et son après-midi à la Sorbonne, Moire était l'incarnation de l'élégance, avec sa robe immaculée jusqu'à l'ourlet du bas, ses chaussures brillantes et sa coiffure rangée au cheveu près. Mattie se sentait souvent sale et dépenaillée face à elle, malgré tout le soin qu'elle approtait à sa tenue.
Elle se redressa sur son siège et remplit la seconde tasse de thé bouillant, pour la poser du côté de sa logeuse.

- Bonsoir, Moire. Votre après-midi s'est bien passé ? Voici un thé Earl Grey de chez nos voisins Anglais. Quant à ce que vous sentez, ce sont des biscuits à la cannelle. Recette de famille... Ils sont réputés pour calmer après une journée agitée, sourit-elle devant l'air dubitatif de Moire. J'ai plein de choses à vous raconter, ajouta-t-elle tandis que la servante aidait Moire à se défaire de son manteau. Le voleur du tramway... La police l'a identifié comme étant un membre de la Lice des Voleurs ! J'ignore si vous en avez déjà entendu parler. J'ai fait croire à la police que je ne connaissais pas, mais dans "mon" milieu, ils sont très réputés. C'est un genre de gang qui vole des objets très rares et précieux. Je ne sais pas ce qui les a attiré vers mon bracelet, mais j'ai pensé qu'une petite recherche à ce sujet pourrait être intéressante ! Qu'en pensez-vous ?